le royaume KONGO
Le royaume Kongo
Mythe des origines
Selon l’une des versions mythologiques de leur origine, rapportée par Raphaël Batsîkama, l’ancêtre
primordial ( Nkâka ya kisina ) des baKongo serait une dame nommée Nzinga, fille de Nkuwu et épouse
de Nimi. La société traditionnelle Kongo étant matriarcale , à l’instar de tant de sociétés africaines
anciennes, on conçoit que son aïeul primitif fût nécessairement une femme, sinon réellement, au moins
symboliquement.
Nzinga aurait eu trois enfants, deux garçons jumeaux et une fille, respectivement N'vita Nimi, Mpânzu a
Nimi et Lukeni Lwa Nimi. Les quatre noms primordiaux de l’ancêtre et de ses enfants tiennent lieu
également d’appellations pour les quatre luvila initiaux ; c’est-à-dire les lignages ancestraux des baKongo.
Les frères et autres collatéraux de Nzinga à Nkuwu ont reçu la fonction de maître des terres ; c'est-à-dire
qu'ils se sont spécialisés dans la manipulation des énergies telluriques, notamment en vue d'exécuter les
opérations rituelles présidant aux implantations coloniales successives dans le bassin du fleuve Nzadi.
Vit’a Nimi était l’aîné des enfants Nzinga, on l’appelle également Ma-samba, ou encore Nsaku. Ses
descendants sont les ki-Nsaku. À eux sont dévolues les fonctions de médiation aussi bien spirituelle que
politique. D'ailleurs, selon Alain Anselin, « Samba signifie palabrer, argumenter en lingala[4] ». D'où ma
samba pour dire "maître de la palabre" : héraut, négociateur, diplomate, voire intercesseur auprès des
ancêtres.
Mpânzu-a-Nimi était réputé intrépide, habile de ses mains et excellent agriculteur. C’était également un
Ndamb’a Ngolo, c’est-à-dire un excellent mineur.
Lukeni se distinguait surtout par sa beauté et sa fécondité qui lui donna une nombreuse progéniture,
dont elle aurait excellé dans l’éducation. D'où son surnom Mungoyo’a Ntende , c’est-à-dire « la belle aux
mille chances ». Elle hérita aussi du nom de sa mère, Nzinga.
Les tuvila primitifs auraient occupé d’abord le territoire de Kongo-Dya-Mpangala sous l’autorité
spirituelle et politique de Vit’a Nimi. Ils investirent progressivement cette région, une vaste plaine très
ensoleillée et riche en minerais, traversée par le fleuve Kwânza (ou Nzadi = Zaïre). Ils y fondèrent
diverses agglomérations, notamment Mpangala, Mazinga, Ngoyo, Mpemba, Lwangu, Nsundi, Mbinda,
Mbembe, Mbamba, Mpangu.
Histoire et géographie
L’ancien royaume de Kongo s’étendait sur les états côtiers d’Afrique centrale, soit l’embouchure du
Congo et le nord ouest de l’Angola. Outre une langue commune avec des variantes sous formes de
dialectes régionaux, la cohésion de l’ensemble repose sur un système social, lignager et clanique proche
de celui des autres Bantou. Il est fondé sur la femme et lui confère un statut sacré car elle transmet la
vie et légitime l’appartenance lignagère, permettant ainsi la formation d’une généalogie et garantissant
l’exercice du pouvoir. Selon un proverbe « seule la mère connaît le père de son enfant ».
Une 15aine de sous-groupes ethniques prétendent descendre de ce royaume :
? les Solongo, Woyo, Yombe, Vili, le long des côtes du nord au sud,
? Les Manianga, Kongo du bas Kongo, Ndibu vers le Pool Malébo (lac traversé par le fleuve Congo,
dont l’issue aval est proche de Kinshasa et Brazzaville)
? les Sûndi, Lâri, Ntandu au nord de ce territoire
? Les Hângala, Beembé, Dôndo, Kamba, Kuni (Kunyi)
Le nom du groupe viendrait de « ku ngo » : « pays des panthères », animal totémique de nombreux
clans, symbole de force, de courage et de pouvoir.
L’origine de ce royaume serait liée à la création de la chefferie de Mbanza Kongo, à la fois ville et
capitale du royaume Kongo, d’où seraient parties plusieurs vagues d’infiltration, sous forme de
colonisation larvée pour aboutir à un royaume de 6 provinces.
Le royaume Kongo était structuré de la manière suivante :
Les villages, dirigés par un lignage matrilinéaire
Des districts, dirigés par des fonctionnaires nommés par le roi
6 provinces sous la responsabilité de gouverneurs, aussi conseillers du roi, choisis par le roi, mais qui
bénéficient en réalité d’une certaine autonomie.
Le roi Kongo était nommé par une assemblée formée par l’aristocratie appelée conseil des gouverneurs.
Il détient les pouvoirs religieux et judiciaires, politique, économique. Sa personne physique est sacrée. Il
décide de la guerre, gère le commerce avec les pays étrangers, reçoit les impôts payés par ses vassaux.
Quand il rend la justice, le roi Kongo est assis sur une peau de léopard, porte un collier de dents , un
chapeau, un bâton de commandement et un éventail. Religieusement le roi Kongo est aussi puissant que
la statue nkisi, il suffit de le toucher pour guérir. Le roi est le seul à entrer en contact avec les morts au
cours des jugements où sont tués les criminels et les ennemis de l’état.
Dés 1482, des échanges furent établis avec les Portugais. Le royaume du Kongo devait exister depuis au
moins 1 siècle. Des missionnaires vinrent au Kongo et des aristocrates partirent se former au Portugal. A
la fin du 15 ème siècle le roi du Kongo est chrétien mais le peuple garde ses croyances traditionnelles. La
fin du 16ème siècle voit l’affaiblissement du royaume Kongo sous les coups de pillards appelés « Jaga ».
Au 17ème siècle, le royaume Kongo se désagrège et les provinces ne reconnaissent plus l’autorité
centrale et deviennent des chefferies indépendantes.
Les croyances des Kongo et les rites d’initiations :
Les Kongo croient que le ciel et la terre s’opposent tout comme la terre et l’eau. Le maître du ciel est
Pulu Bunzi et les génies de la terre nkisi s’opposent à lui. Les esprits de l’eau se nomment bisimbi. L’arc
en ciel nommé Mbumba est le maître des eaux terrestres, c’est un grand serpent qui retient les eaux
envoyées par le ciel et qui commande la pluie.
Mbumba est le maître de l’initiation masculine et féminine :
L’initiation masculine Khimba se déroule entre 10 et 18 ans. L’objectif est d’apprendre tout ce qu’il faut
savoir pour s’intégrer dans la société Kongo et d’acquérir les connaissances religieuses. Les enseignants
sont des prêtres, des guerriers, chasseurs, danseurs.
L’initiation féminine Tshikumbi permet à la jeune fille Kongo d’apprendre les règles de vie notamment
alimentaires, sexuelles… et les connaissances sociales, religieuses et magiques pour être prête au
mariage.
La hiérarchisation de la société Kongo:
Le chef ou mfumu n’est consacré que s’il possède la corbeille sacrée de son prédécesseur. Cette boite en
écorce contient les reliques des ancêtres disposées dans des cornes d’antilopes (poils, morceaux de
peau, ongles…). Pour rendre hommage à ses ancêtres, le chef Kongo doit sortir les cornes et les asperger
de sang d’une poule blanche ou d’antilope. Les symboles d’investiture du chef que l’on peut retrouver
dans la statuaire sont :
- Un chasse mouche fabriqué avec une queue de buffle fixée sur un manche sculpté la plupart du temps
- Des bracelets de fer
- Un collier de perles bleues et rouges et un autre de dents de rongeur ou de carnassier,
- Un bonnet fait avec des fibres d’ananas orné parfois de griffes de léopard
- Une cloche de fer que l’on frappe quand le chef bois dans les grandes occasions.
Le rôle principal de la femme du chef consiste à donner la paix des ancêtres.
Le prêtre ou nganga qui est aussi devin. Il s’occupe des cultes et sait amadouer ou fâcher les forces
invisibles.
Le guérisseur soigne par les plantes et par magie.
Le forgeron forge les bracelets de fer du chef et qui prélève les reliques sur les corps des chefs décédés.
Les chasseurs et anciennement les guerriers.
Masque et fétiche kongo
Les fétiches à clous , appélés nkondi, étaient révérés à travers tout le royaume du Congo . Ils étaient les
« porteurs » d’une série d’objets magiques, appelés
nkissi , qui pouvaient prendre la forme de sacs, de
racines ou de feuilles, et étaient installés sur la tête ou
l’abdomen de la sculpture. Les nkondi étaient révérés
par leur propriétaire ou par un spécialiste, appelé,
nganga , « embauché » par le propriétaire afin d’apaiser
ou de contenter les différents esprits qui dirigent le
monde. Afin « d’activer » ses forces et de provoquer le
nkondi, le nganga devaiit l’insulter, chanter, créer une
explosion à ses pieds ou même insérer un clou ou une
lame dans la sculpture…
Nullement maléfique, la figure, qui joue le rôle de
remède, est un intercesseur. Les clous et les lames sont
des signatures, concrétisations de pactes en relation
avec le respect d’une parole donnée. Le bois,
spirituellement animé, est « dynamisé » par le choc
produit par l’insertion métallique et ainsi rappelé à sa tâche éthique.
La plupart des nkondi représentent un esprit anthropomorphe
tenant une lance, prêt à punir une personne ou un esprit
responsable d’un mauvais sort ; certains représentent des
maternités , incarnant un esprit plus doux que ceux évoqués à
travers les statues masculines ou un chien appelé koso , médiateur
entre les vivants et les morts.
Les masques Kongo
L’ ethnie Kongo se distingue également par ses masques quasi
figuratifs toujours très expressifs, presque « vivants ».
Portés durant les cérémonies
d’initiation et les funérailles des
personnalités les plus importantes, ils
étaient aussi investis d’un rôle judiciaire.
Ils sont d’un grand réalisme et
présentent même parfois un « souci du
détail » peu courant dans l’art africain,
comme chez les Yombé , par exemple,
avec leurs oreilles délicatement
sculptées et leurs dents en pointe.
Les masques Kongo sont surtout d’une
grande expressivité, grâce aussi à leurs
yeux, souvent recouverts de verre.
Moins connues, mais pourtant caractéristiques de
l’ethnie, les statues de dévotion évoquent la
soumission à un chef ou un mari.
Les maternités Yombé , beaucoup plus connues,
sont de parfaits exemples de la sculpture Kongo qui
démontre bien l’importance donnée à la tête et aux
scarifications.
Les sculptures féminines Kongo sont l’évocation de
forces spirituelles plus aimables que celles
symbolisées par les représentations masculines –
les nkondi – et étaient probablement utilisées lors
de rites de fertilité.Les maternités Yombé ,
beaucoup plus connues, sont de parfaits exemples
de la sculpture Kongo qui démontre bien
l’importance donnée à la tête et aux scarifications.
Les sculptures féminines Kongo sont l’évocation
de forces spirituelles plus aimables que celles
symbolisées par les représentations masculines –
les nkondi – et étaient probablement utilisées lors
de rites de fertilité.
Le « geste du Kongo » a une attitude normalisée –
bicolore, genou en terre, tête tournée à 90 °,
dessin des côtes… – et garde encore la plupart de ses mystères…
On ne sait comment interpréter le regard sur le côté typique de cette statuette mais on suppose qu’il
s’agit d’une statuette de guérisseur , l'indication des côtes faisant probablement référence à la maladie
que les Kongo appellent lubanzi ("les côtes") et qui désigne la pneumonie ainsi que d'autres maladies
respiratoires...
Par diehl kuku LAFRIKULTURE
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